Courses de Rennes d'Inari 2017

Trio de jeunes skieurs aux courses de rennes à Inari

Fin mars ou début avril depuis 65 ans, le monde du renne se retrouve à Inari pour célébrer le renne le plus rapide de Laponie. Après une année de courses locales, les meilleurs de Norvège, de Suède et de Finlande sont sélectionnés pour se mesurer sur la glace du plus grand lac de Laponie.

Et c'est, The Place to Be !

Le samedi, commence à onze heures le championnat de lasso. Nous espérions voir ça sur un troupeau de rennes, les meilleurs peuvent paraît-il repérer une marque d'oreille à plusieurs dizaines de mètres et lancer leur filin gainé sur le bois de l'animal visé. Il faudra se contenter de piquets métalliques. Les concurrents sont alignés à dix mètres d'une rangée numérotée de cibles et commencent à « tirer » au signal du juge principal. Les derniers à avoir atteint dix fois le piquet-cible sont éliminés manche après manche. Les inscriptions sont libres, vous pouvez directement acheter au mètre votre lasso. Vous aurez le choix dans la couleur, la robustesse, le poids, …

S'en suivent les qualifications pour les courses du lendemain. D'abord seuls à faire leur chrono sur un kilomètre, les concurrents sont ensuite regroupés par quatre sur la même distance et le lendemain la distance double. Les meilleurs terminent le kilomètre en une minute et quatorze secondes. A peu près le double sur deux kilomètres. Soixante kilomètres à l'heure pour les meilleurs.

Les skieurs sont tous très jeunes. Ce sont des gamins de moins de dix ans qui sont projeté par le renne sélectionné par la famille. Les plus jeunes, et les plus léger ont des skis alpins mais la plupart sont à ski de fond. Le départ est le moins évident. Certains rennes se débrouillent pour se débarrasser de leur fardeau quelques mètres après le départ. Mais si au bout de quelques centaines de mètres le skieur est toujours accroché à la corde qui passe bizarrement entre les pattes de l'animal il finit généralement la course. Le suspense reste entier tout du long. Les premiers se font parfois rattraper dans les derniers mètres et les nombreux photographes sont là pour immortaliser le moment. Les objectifs des photographes rivalisent de taille le long de le grillage qui sépare la piste des spectateurs. On entend les miroirs basculer au rythme d'une mitraillette.

L'autre bruit qui marque également, c'est le son amorti des applaudissements. Célébrer les meilleurs temps dans le vent glacial de Laponie, malgré le soleil, implique de claquer des mains avec ses gants. La laine ou la fourrure rendent la chose assez discrète. Plop, plop, plop, plop !

La journée du samedi se termine par les enchères. La foule se presse pour repérer le renne qui gagnera l'année prochaine, ou dans trois ans, comme le clame le « commissaire priseur ». Loin des salles guindés des capitales, le maître de cérémonie est habillé entièrement de cuir et de fourrures et ponctue son discours en agitant un bois peint en bleu.

Dimanche, lasso de nouveau, finales des courses et podium.

Le week-end des courses, c'est aussi l'endroit et le moment pour arborer sa plus belle chapka. La fourrure à de beaux jours devant elle dans le Nord. Si vous ne l 'avez pas encore dans votre armoire vous pouvez l'acheter sur place. Le vendeur ambulant vous proposera des semelles et des cuirs bruts de chèvre et de mouton. Mais aussi des chapkas, des gants, des bottes en phoque, en renard, en castor, en rats musqués ou en chien viverrin. Mais l'accessoire au top reste la botte en fourrure de renne. Recourbée à la pointe comme une babouche arabe. Brunes, grises ou blanches, les plus recherchées, il faut six jambes de rennes pour une paire. Elle sont fabriquées artisanalement et spécialement pour la personne qui les porte. Presque plus personne ne les porte avec le ruban coloré qui entoure le bas du pantalon et sert de guêtre. Elle sortent discrètement, mais assez visibles quand même, de sous le pantalon de ski et donnent un air de lutin à son propriétaire.

Pour être dans le ton vous avez plusieurs possibilités. La solution de l'éleveur d'abord. Habits de travail ou tenue discrète de motoneige, bottes en cuirs ou en caoutchouc. Ceinture en cuir colorée rivetée, avec bien-sur le puuko, couteau de travail, qui pend sur le côté. A l'opposé du style utilitaire des éleveurs, la tenue fluo de motoneige marche bien. Les jeunes ké-kés viennent essayer en couple les Lynx et Ski-doo en prêt à l'entrée du festival. Entre ces deux populations, les locaux se promènent. Les pantalons de marques de montagne et les doudounes sont égaillées par les détails du costume sami. Les foulards rouges tissés, les bonnets en peaux, quelques touches de couleurs permettent de repérer de quel région les gens viennent.

Pendant les pauses, la foule vient reprendre des forces en mangeant des saucisses grillés dans les stands enfumés. Les enfants se font tirés sur des luges en bois par des rennes appartenant à une grosse ferme de la région, s'entraînent au lasso et jouent dans la neige. Une dame promène un jeune renne en laisse qui à l'air de plutôt bien s'adapter.

Le soir, concert de rap sami au bar du village. Apparemment le groupe est bien connu en Finlande, l'occasion de faire une grosse fête avant nos périples à ski dans deux jours.

Muotkan Maja, 11 avril 2017

Entre tradition et modernité, juges, spectateurs et concurrents aux courses de rennes d'Inari en 2017