Le Bout de la Route !

Le Bout de la Route.

Ça y est, nous sommes à Rennes, arrivés en début d'après-midi chez Angèle et Xavier.

Peu de nouvelles ces derniers temps. Un goût d'écrire qui se faisait plus rare. La fatigue du voyage ? Les paysages un peu plus mornes que ce à quoi les derniers mois nous avaient habitués ? L'envie de ne pas avoir envie d'écrire ? Sûrement un peu de tout, peut être aussi l'envie de garder pour soi cette fin de voyage, de ne pas avoir à faire de compte rendus …

Depuis Giant's Causeway nous avions l'impression de faire demi-tour. On ne pédalais plus vers la découverte mais plutôt vers le retour. L'appel du paddock. Les paysages nous emballaient aussi un peu moins. Les paysages de l'intérieur des terres se limitent souvent à des haies de plusieurs mètres de haut qui enserrent la route. Heureusement les mûres ont fini par arriver. Depuis plusieurs semaines on voyait grossir et s'assombrir les grappes de baies au milieu des haies d'épines. A côté du vélo, la main droite sur la poignée gauche, une jambe de chaque côté du buisson d'ortie, le corps tendu jusqu'à la main gauche qui cherche les baies les plus juteuses, exercice périlleux sur les petites routes des Wiclows Mountains qui nous a permit de remplir un thermos d'un litre en quelques minutes.

Les haies nous cachaient les paysages et nous interdisaient le bivouac. Pas vraiment envie de sauter par dessus les barrières pour planter la tente. Ce désavantage nous à permit de frapper un soir à la bonne porte. Arrivés par hasard avec juste l'espoir de planter la tente dans le jardin. Cecil, Evelyn et leurs enfants nous ont accueillis tous les trois à bras ouvert.

Nous voulions éviter Belfast et Dublin. Deux grosses villes qui doivent ressembler aux autres grosses villes. On a déjà essayé, les villes ne sont pas faites pour les voyageurs à vélo, encore moins avec un chien en remorque. Les hostels et les couch-surfers n'aiment pas les chiens. D'autant plus qu'éplucher des milliers de profils pour personnaliser son message sur un site internet lourdingue n'est pas vraiment compatible avec les réseaux captés dans le brouhaha d'un McDo ou dans la foule d'une rue principale.

Plus au Sud nous allions donc de lac en lac pour chercher les meilleurs emplacements de bivouac. Parfois au soleil à regarder les hirondelles jouer les canadairs, parfois dans la brume et la pluie face aux îles de L'Upper Lough Erne. Parfois sur une barque accroché à un ponton en tentant désespérément de faire la mise au point sur un martin pêcheur qui fonce entre les saules d'un cours d'eau. Au bord du Sheelin Lake nous avons notre seule mauvaise rencontre du voyage. Alors que la tente était montée et le repas juste terminé nous avons la visite d'homme avec une veste fluo estampillée au nom du County Council.

- Le Camping est interdit ! Le panneau est juste là …

Sur le panneau, en dessous d'une tente barrée on promet 3000 euro d'amende aux contrevenants.

- Il faut aller au Caravan Site là bas !

Quand nous demandons le prix il nous dit qu'il ne sait pas … quand un peu plus tard nous rejoignons le camping la queue entre les jambes, on retrouve notre homme derrière le comptoir … En Italie on appelle ça Mafia non ? Ou conflit d'intérêts ?

Plus bas ça a été les Wiclows, jolies collines recouvertes de bruyère qui leur donne une teinte violette un peu étrange. Pas évident de se faire aux randonnées irlandaises. Pour accéder aux crêtes ils faut passer par dessus quelques clôtures barbelées, des champs fermés par des portails sans jamais être certain d'être vraiment autorisé à le faire. On a essayé, on n'a pas entendu de coup de fusil en guise d'avertissement.

Le vent, les tourbières, les rochers polis par les éléments, les moutons qui nous regardent passer en machonnant une touffe d'herbe jaunie valent la peine de se frotter les mollets aux barbelés. Pour redescendre on traverse des champs de fougères plus hautes que nous qui gardent l'accès à un joli lac avec une plage qui serait parfaite pour camper … a pied.

Nous évitions la côte Est à cause d'un a priori. Trop touristique, sur la carte ces grandes lignes bleues toutes droites faisaient trop penser aux Landes. Finalement nous y avons eu les bivouacs les plus sauvages du voyage. Au milieu des dunes rosées par le soleil couchant, on y croisait seulement quelques pêcheurs ou cavaliers. Rare pour un pays ou chaque soir un défilé de promeneurs passaient devant la tente en famille ou avec leur chien.

Sur la pointe découpée de Kilmickael Point nous avons même pu voir nos premiers phoques, à quelques mètres du rivage, la tête seulement hors de l'eau, ballottée comme un bouchon sur les vagues. Plus bas nous pu nous rapprocher d'une famille qui étalait leurs centaines de kilos de graisse portés par des masses d'algues brunes. En les quittant nous les entendions chanter avec le vent.

Le vent à emporté leur plainte, il a aussi emporté définitivement l'été irlandais. Cachés au milieu des graminées qui recouvrent les dunes, nous avions souvent le bonnet sur la tête dès que le soleil se couchait. Rien à voir avec ce qui nous accueilli à notre retour en France. Torse nu de 10h30 à 19h même à l'ombre des arbres du canal de Nantes à Brest, le contraste était saisissant.

La Bretagne doit partager avec l'Irlande une vison Celtique de l'hospitalité. Là aussi avec Lizig, Maela, leurs amis et leurs parents nous avons partagé bien plus que leur jardin. Et dire que certains « amis » il y a quelques mois ne nous avaient même pas offert de camper dans leur jardin alors que nous venions de faire 400 km spécialement pour les voir …

Après avoir campé au pied de la montagne Saint-Michel et apprécié le coucher de soleil, avec à nos pieds presque toute la Bretagne, les canaux puis les voies vertes bretonnes, nous ont amené jusqu'à Rennes. Sur les canaux nous pédalions sur un miroir, l'eau dédoublaient les écluses et les arbres en bord de halage. Sur les voies vertes les lignes droites devenaient un peu plus lassantes et monotones. Aux alentours de Merdrignac nous évitons une bouteille de vin cassée au milieu du chemin. Un peu plus tard on croise un voyageur à pied qui nous fait signe de nous arrêter.

- Merdrignac c'est par là ? A travers son accent latin et les vapeurs de mauvais vin il me montre avec son pouce le chemin derrière lui.

- Non, c'est de l'autre côté !

Il roule les R d'un grand « merde ! ».

- J'ai un peu picolé et après j'ai dormi un peu et je savais plus dans quel sens aller ! Merrrrde, j'ai fait au moins deux kilomètres comme ça !

Forêt d'un côté, forêt de l'autre, la piste engravillonée toute droite au milieu, je le comprend. Monotones je vous dis les voies vertes.

Le chien a bien apprécié, lui. Tellement qu'il s'est limé les pattes en courant comme un fou pour compenser les jours d'inactivités dans la remorque. 60 ou 70 km en deux jours. Le soir en se levant difficilement pour boiter en direction de sa gamelle il nous faisait un peu pitié. Pour une fois il n'y a même pas de « scraps » récupérés dans les boucheries bretonnes pour améliorer le quotidien des croquettes de supermarché. Heureusement pour le dernier soir on trouve enfin de la viande. Presque un kilo de steack périmé, couenne, surimi et os passent goulûment de sa gamelle à son estomac. Protéines et graisses, le top, on le retrouve un peu plus tard sur le dos, à digérer sous les étoiles.

Nous avons fini par décrocher les sacoches. Non, on ne rentre pas à vélo. Pas vraiment d'itinéraire qui nous fasse rêver pour rentrer vers les Alpes. Alors on a loué une voiture. Et oui nous boudons le train, ou le train nous boude. Plus cher que la voiture, billet obligatoire pour le chien, réservations payantes pour les vélos, pas forcément de place pour la remorque, correspondances à Paris, batailles pour caser les vélos dans les TER, trajets interminables en Haute-Savoie, si les co-voitureurs ne nous boudent pas, la voiture de loc paraît de loin la meilleure solution.

Entre retrouvailles avec les amis et la famille, essayer de valoriser le voyage, quelques envies d'itinérance en montagne, après quatre mois sur les routes, l'automne s'annonce beau !

A Rennes, le 6 Août 2013.

Bivouac au bord du Lower Lough Erne, Balade dans les Wiclows, Phoques sur la côte Est, Fougères dans les Wiclows, Laurie le Velociraptor ... , Crique sur la côte Est, Raven Point, Fish n' Chips ( and mashed chick peas ) à Wexford.

jonatlaurie

Camping sauvage dans les dunes - Giant's causeway - Irlande du Nord - Aout 2013

http://vimeo.com/73254879

Une video de jean-Noël, croisé à Giant's Causeway.

Libellule aux alentours de Raven Point, Ambiance sauvage sur la côte est, Fin d'été, Reflets dans le canal de Nantes à Brest, Terminal ferry fantomatique à Rosslare, La vie de Douanier ( Rosslare )

La Loire, la Bretagne et l'Irlande à Vélo avec un Chien, la Carte.

La carte de l'itinéraire :

http://jonathanperret.over-blog.com/la-loire-la-bretagne-et-l-irlande-%C3%A0-v%C3%A9lo-avec-un-chien-la-carte

Ca y'est le rendu est définitif !