Le Chevaucheur de Nuage, Forteresse Volante

Le Chevaucheur de Nuages, Forteresse Volante

La forteresse volante stationnait maintenant au fond de la vallée. Elle avait avancé lentement, tout le jour, de la lenteur inexorable de ceux qui se savent vainqueurs. Son armée s'était agrégée autour d'elle durant les heures chaudes de la journée. Maintenant le crépuscule s'attelait à peindre ses hautes murailles pendant que le voile du ciel tout autour se tendait sur l'horizon et affichait le bleu céleste du début de la saison d'été.

Derrière moi, le grand cône noir du volcan attendait son heure. Confiant des milliers d'années qui s'accumulaient à son pied. Il y avait longtemps que la fureur de sa jeunesse avait passé. Il se contentait maintenant d'une carapace aux couleur du ciel s’effritant en silence, s'ouvrant en cicatrices parallèles.

La journée du lendemain rendrait le jugement.

La plaine attendait son heure, tremblante dans la lumière du soir, hésitant encore à libérer l'agitation nocturne de ses occupants. Elle, serait la grande gagnante, elle, récupérerait chaque grain de sable qui coulerait des flancs ravinés du colosse.

Les arbres morts tendaient leurs mains de squelettes, mendiant encore les gouttes d'eaux qui n'avaient pas pu les sauver. Des barbes légères pendaient aux branches et animaient de leur vert passé l'immobilité de leurs hôtes, les ombres étaient démesurées et moi j'étais adossé au mur Nord de la cabane, je n'attendais rien, pas plus que je n’espérais voir venir quelque-chose.

La bataille n'aurait lieu que le lendemain, ou le sur-lendemain, ou n'aurait peut-être pas lieu. Les deux géants s'éviteraient pour cette fois, jouets des forces planétaires dont je suis le spectateur privilégié.

Tromen, Parque Nacional Lanin, Janvier 2006

Arbre sec, Lago Tromen, Volcan Lanin dans le Parque Nacional Lanin