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Jonathan Perret

Professeur Tournesol au pays des Bisounours !

3 Juillet 2013, 00:48am

Publié par Jonathan Perret

Professeur Tournesol au Pays des Bisounours.

On dort dans un champ ce soir. Après avoir tracé sur des nationales d'altitude, au moins 250 mètres, mais en Irlande c'est déjà l'étage alpin qui commence, après avoir errer sur des petites routes de campagne coincées entre deux haies feuillues, nous avons fini par trouver un agriculteur qui depuis son tracto-pelle qui lui sert à élaguer les abords de son champ, nous autorise à planter la tente pour une nuit. On rentre les vélos et lui, à travers la fenêtre de l'engin nous montre sa montre et lève l'index. « Une heure », dans une heure il a fini et on peut s'installer en lisière. On lève le pouce en réponse et on cale les vélo contre un poteau.

Pour occuper le temps, on sort la carte et on commence à compter les kilomètres parcourus depuis le bivouac de la veille. On mesure avec les doigts écartés les distances connues et on reporte. Finalement on doit bien avoir fait 80 km. On « doit », parce que notre compteur à rendu l'âme, l'obsolescence programmée au bout de 1736 km, c'est quand même un peu limite. Une petite soudure qui à lâchée. Les chiffres restent les même depuis un bout de temps, la moyenne, la vitesse maxi, les kilomètres journaliers, … finalement peut-être que c'est mieux. C'est un peu pervers toutes ces infos. Elles n'en restent jamais à leur rôle d'informer, elles poussent, elles nous incitent à faire monter la jauge, un peu comme les punching-ball des fêtes foraines.

Du coup on s'en tient à la carte. Une carte au 1/300 000, en l'achetant dans le ferry, on s'est rendu compte que les routes se rallongeaient, et que le réseau routier était quand même un peu plus dense que ce que l'on imaginait. « Eh, t'as vu, finalement y'a plus qu'une route sur cette petite péninsule ! ». On perd quand même quelques repères. En Bretagne, un point sur la carte c'est l'assurance d'un point d'eau, de toilettes publiques, et avec un peu de chance de quelques commerces. Ici c'est différent : « Ballymadog, on a passé ou pas ? » « Et Gortaroo, c'était les trois maisons là-bas alors ? ». Du coup nos habitudes bien rodées en prennent un coup. Plus d'eau dans les cimetières, plus beaucoup de cimetières non plus ! Il faut dire aussi qu'il y a deux fois plus d'habitants à Paris que dans toute l'Irlande, mathématiquement, il y a aussi moins de cimetières. Et ça ne va pas s'arranger. « Rien que dans ce pub, nous avons perdu 32 jeunes ! » C'est la tenancière d'un pub de campagne qui nous annonce ça en discutant pendant qu'elle essuie consciencieusement les bouteilles qu'elle vient de nous remplir. Elle rajoute que « 500 000 personnes ont émigrées », vers l'Australie surtout, pour faire la cueillette et espérer après 2 années de bons et loyaux services un visa de longue durée.

Ce matin une habitante du hameau à côté duquel nous avons dormi est venue nous proposer de nouveau de prendre une douche chez elle, elle nous avait déjà donné de l'eau hier. « Je vais juste déposer ma voiture, j'ai laissé ouvert, si vous voulez y aller ça me gêne absolument pas ! ». en cherchant la porte de sa maison on découvre à travers le petit panonceau qu'a laissé une agence immobilière que elle aussi vend sa maison. Maison de village, confort moderne, vue sur les falaises d'Annestown et les vagues rapides que viennent surfer quelques locaux en combinaisons. Avis aux amateurs.

Pas toujours facile de poser la tente. C'est de quoi on se rend compte aussi. Le premier soir on l'a plantée sur un quai envahi d'herbe. A côté de gros bateaux de pêche colorés qui pourrissent accrochés à de vieux bouts. A travers les quatre ou cinq couches de peinture qui s'écaillent on voit le bois. Les familles défilent, quelques photographes baguenaudent, quelques vieux garés côte à côte aussi, qui restent dans leur voiture à discuter. On les entend rigoler en passant à côté. Est-ce que c'est à cause de la fermeture du pub qu'ils se retrouvent là ? Au matin, les gens qui passent nous demandent si l'on à bien dormi.

D'une manière générale les gens sont assez curieux. Il n'est pas rare qu'ils nous posent des questions après nous avoir rendues les bouteilles. Tout à l'heure, j'avais tellement pris l'habitude de discuter que je suis resté sans rien avoir à dire avec la grand mère qui avait rempli nos bouteilles ! La discussion n'est pas toujours facile. Les Irlandais doivent avoir l'impression de parler au professeur Tournesol. On essaie de happer les quelques mots pas trop déformés par l'accent pour suivre le fil. Mais à voir parfois le regards de nos interlocuteurs, on devine que la réponse qu'on leur fourni n'est pas la bonne !

Demain je déjeune au lait frais. Malgré les aléas d'une discussion sur les stations de skis des Alpes et la famine des vaches Irlandaises à cause d'un hiver qui a duré jusqu'à mi-mai, nous avons du faire bonne impression sur l'agriculteur qui nous prête son champ. Sa sœur est venue dans la soirée nous apporter de l'eau et du lait. L'hospitalité à l'Irlandaise.

Ladysbridge, le 1er juillet.

Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
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Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
Professeur Tournesol au pays des Bisounours !
Professeur Tournesol au pays des Bisounours !

La carte avance elle aussi, mais faute d'avoir le carnet sur moi, ce sera pour une prochaine !